Dossier
Le dépistage du cancer bronchopulmonaire par tomodensitométrie thoracique à faible dose en France : enjeux et perspectives
Lung Cancer Screening through Low Dose Chest CT Scans in France: the Issues and the Way Forward
Service de pneumologie, centre hospitalier intercommunal de Créteil, 40, avenue de Verdun, F-94010 Créteil, France
* e-mail : christos.chouaid@chicreteil.fr
Reçu :
11
Avril
2016
Accepté :
3
Juin
2016
Avec près de deux millions de nouveaux cas par an dans le monde, le cancer bronchopulmonaire est la première cause de décès par cancer. Le tabagisme est le facteur de risque le plus important, et depuis plusieurs années, il est discuté de l'opportunité de mettre en place un dépistage organisé du cancer du poumon chez des personnes fumeuses ou anciennes fumeuses. Cet article résume les résultats des principales études sur ce sujet et présente les enjeux que ces résultats soulèvent en termes de santé publique. Le National Lung Screening Trial (NLST), aux États-Unis, est le seul essai de large envergure aujourd'hui publié qui montre une baisse significative de la mortalité par cancer du poumon de 20 % et de la mortalité globale de 6,7 %. Les essais européens sont soit en cours, soit ont un effectif trop restreint pour pouvoir répondre à la question du dépistage organisé du cancer du poumon. Plusieurs éléments doivent être pris en compte pour transposer ces résultats en routine : la population du NLST n'est pas représentative de la population générale des États-Unis ; les résultats du NLST sont obtenus au prix d'une organisation rigoureuse et d'un engagement important des radiologues avec une standardisation des actes de scanner, de l'interprétation et du rendu des résultats et le suivi par un même radiologue des différents scanners annuels pour un sujet donné. Ces éléments incitent, comme pour le dépistage organisé du cancer du sein et du côlon, à mettre d'abord en place des expérimentations dans des territoires bien limités avant une éventuelle extension.
Abstract
With close to 2 million new cases per year worldwide, lung cancer is the highest cause of death from cancer. Smoking is the most significant risk factor, and for several years the opportunity of introducing organised lung cancer screening has been discussed for both current and former smokers. This article summarises the main findings from studies on this subject, and presents the issues these results raise in terms of public health. The NLST in the USA is the only published large-scale trial to date that shows a significant reduction in death from lung cancer by 20% and overall mortality by 6.7%. European studies are either ongoing or have too restricted a number of participants to be able to answer the question regarding organised lung cancer screening. Several elements must be taken into consideration to transpose these results to a routine operation: the population of the NLST is not representative of the general US population and the results of the NLST are obtained at the cost of a complex organisational structure and the considerable commitment from the radiologist, with a standardisation of CT scan procedures, interpretation and the issuing of results and the follow-up by the same radiologist of the numerous annual scans for a given patient. As with organised breast cancer and colon cancer screening, these elements favour the initial introduction of a restricted number of test locations before a potential extension.
Mots clés : Cancer du poumon / Dépistage / Santé publique / Accès aux soins / Politiques de santé / Tabac
Key words: Lung cancer / Screening / Public health / Access to care / Health policies / Tobacco
© Lavoisier SAS 2016